La photographie est pour moi un moyen d’exprimer ma perception fugitive du monde, de l’espace et du temps. J’aime parler du « ici maintenant ». Qu’est-ce qui nous fait sentir présent ou au contraire nous empêche de fusionner? Comment évolue cet état d’être? Cette quête relevant d’une disposition mentale plus que d’un type d’image, elle m’ouvre donc à explorer différents genres pour y arriver.

 

Parfois le processus s’élabore au moment de la réception. À travers la déambulation la photographie me conduit à des rencontres où tout se joue sur l’émotion du moment. Privilégier des moments d’errance pour me mettre à l’écoute du hasard où le contact, pour un bref temps, s’opère avec l’environnement. La prise de conscience de notre être devant des lieux et des objets qui même dans le plus grand dépouillement transcendent suffisamment pour que l’on puisse sentir notre rapport à l’espace physique autant que temporel.

 

Si il est admis que la photographie est tout indiquée pour fixer le temps elle peut par contre sembler plus limitée lorsqu’il s’agit de signifier la durée et la temporalité. C’est pourquoi je recours à d’autres moments à des techniques en post traitement, ce qui suit la réception, qui altèrent l’image. Rechercher un rendu qui donne le sentiment d’un retour sur une mémoire enfouie, une réalité qui revient par bribes, où l'imprécision questionne la mémoire. L'effacement de la perception et du détail pour symboliser la fuite dans le temps. Le traitement aide à marquer l’écart existant entre la prise de vue initiale et le souvenir qu’il en reste, mais également de part sont apparence inachevée, sa continuité dans le temps.

Au final je ne cherche pas la représentation d’un lieu mais l’expression du senti, de la trace du moment et de son évolution dans le lieu.